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12 mars 1968, l'indépendance !

L'Ile Maurice, une nation arc-en-ciel où les couleurs ne se mélangent pas toujours ...


L'engagisme (près de 500.000 travailleurs engagés sont arrivés à Maurice entre 1834 et 1907) a profondément modifié la société mauricienne, une île qui ne disposait pas de population autochtone avant sa découverte supposée par les Hollandais en 1598.


Dès 1861, les Indiens représentent les deux tiers de la population de la colonie et, avant la fin du XIXe siècle, les Indiens nés à Maurice dépassent en nombre ceux habitant à Maurice mais nés en Inde. L’importance de l’engagisme, a fortiori dans une île sans population autochtone, est donc d’abord démographique. En conséquence, l’équilibre socio-idéologique de la société de plantation créole, construite sur le face-à-face entre maître blanc et esclave noir, se trouve bouleversé par l’arrivée des communautés indiennes amenant avec elles des religions, des langues et un rapport au territoire différents.

Dans les années 1880, les difficultés économiques des planteurs les forcent à céder les lopins de canne les moins rentables. Les engagés, notamment les contre-maîtres (sirdar), les acquièrent, et profitent de ce morcellement des terres pour s’installer en villages hors de la plantation, ce qui leur aurait permis de mieux recréer le contexte social indien. Ils restent cependant dépendants économiquement de leur travail dans la plantation avec laquelle ils ne rompent pas (au contraire des esclaves affranchis).


Apparaissent pourtant peu à peu des petits planteurs indo-mauriciens. Dès le début du XXe siècle, un tiers de la surface cultivée appartient à des Indiens, et la moitié avant la seconde guerre mondiale. La communauté indienne investit alors également les emplois publics et les professions libérales. Certes, elle doit attendre la constitution de 1948 permettant le vote à tous ceux alphabétisés ou propriétaires pour bénéficier d’une représentation politique reflétant sa majorité démographique.


Mais la communauté indienne dispose déjà d’élites suffisamment organisées pour se réapproprier son histoire, au point de renommer l’engagisme « colonisation indienne » sur la plaque de l’obélisque élevée en 1935 à l’occasion du centenaire de l’arrivée des premiers engagés.


La lutte pour l’Indépendance oppose dès lors, plus que les Mauriciens aux Britanniques, les différentes communautés mauriciennes entre elles : les anti-Indépendance, notamment les descendants d’esclaves, craignent que la règle démocratique de la majorité fasse que Maurice s’indianise (crainte de devoir porter le sari, de devoir se convertir à l’hindouisme).


Aujourd’hui, la position dominante est effectivement le fait des Indo-Mauriciens qui représentent 60 % à 70 % de la population, dont une grande majorité de religion hindoue (ndlr : représenteraient, car le recensement date un peu ...). Et l’on parle du « malaise créole » pour évoquer les poches de pauvreté, le manque de pouvoir politique, ou les problèmes culturels de ces descendants d’esclaves à un degré ou à un autre et qui comptent pour environ un quart de la population totale.


Plus généralement, les vingt dernières années ont remis en cause l’image d’une société pluri-ethnique harmonieuse, ce dont témoignèrent en 1999 les émeutes ethniques consécutives à la mort dans des conditions douteuses en prison du chanteur créole Kaya, autant que les débats récurrents dans les médias locaux. La communauté hindoue  n’a quasiment jamais perdu le pouvoir politique depuis l’Indépendance, et le renforcement du communalisme (tendance à voter pour un candidat appartenant à sa communauté) tend à fausser le jeu démocratique.



Après ce rappel historique, il est utile de passer par les jeux terminologiques qui distinguent les différentes identités telles qu’elles sont pensées et vécues. D’un côté, l’île peut illustrer la « créolité », au moins dans cet héritage qu’elle assume parfois d’un contact des cultures issu de la société de plantation. La « nation arc-en-ciel » qu’elle se veut alors se présente comme la préfiguration des recompositions identitaires de toute société moderne. D’un autre côté, pourtant, l’individu « créole » du langage courant ne renvoie pas à tout Mauricien, comme il le fait dans les sociétés caribéennes ou à la Réunion voisine, mais bien à celui identifié comme Noir, descendant d’esclave africain ou malgache, et catholique. Il s’oppose en ce sens à l’individu descendant des engagés indiens, identifié comme « Indo-Mauricien » pour l’usage politiquement correct mais couramment désigné comme « Indien » (endyen, en créole) et plus souvent « Hindou », sans parler des terminologies dépréciatives : Malbar, Madras ou Coolie.


Notons d’emblée que c’est la religion qui, à Maurice, prime sur l’identité ethnique : les musulmans également venus d’Inde sont désignés comme mizilman et non comme endyen. Du point de vue de l’analyse, la catégorie d’« indo-mauricien » présente également l’inconvénient de laisser croire à une homogénéité dans un contexte où les revendications identitaires internes à cette communauté vont croissantes : les Tamouls, issus du sud de l’Inde, ne se disent plus Hindous, mais de relizion tamoul, et la représentation extérieure (par les Créoles) suit cette distinction ; les lieux de cultes, et rites, ainsi que les centres culturels, mais aussi les pratiques de mariages ou d’allégeance politique, sans parler des langues, subdivisent la communauté indo-mauricienne en « Hindous » (du nord de l’Inde), Tamouls, Telugus, Marathis, etc.


Source : Cairn - Autrepart 2010 Mathieu Claveyrolas - l'ancrage de l'hindouisme dans le paysage mauricien, transfert et appropriation.


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