Le Canjee Poosai auquel nous assisterons dimanche et qui suivra la marche sur les sabres, est une cérémonie célébrée en l’honneur de la Déesse Sri Mariammen Sakti appelée aussi Amman ou Ammen par la communauté Tamoule à l'île Maurice. Elle est une des formes de Sakti, l'énergie divine et préserve des fléaux tels que varicelle, rougeole. Elle guérit les maladies, protège contre tous les maux, éloigne les maléfices et le mauvais oeil. Elle serait apparue sur terre dans des villages où la population souffrait de famine et de maladies, c'est grâce à cette soupe de riz, appelée Canjee, qu'elle les a sauvés (et aussi avec des plantes que l'on retrouvera sur les échelles de sabres). C'est donc de la nourriture qui lui est apportée lors de ce rituel. Je vous invite à découvrir cette célébration fascinante au kovil ce prochain dimanche 31 mars.
Tout d'abord, les femmes prépareront un mets à base de riz bouilli avec du sel, des oignons et du lait caillé et on offrira à la Déesse ce mélange liquide à la couleur blanche symbolisant la pureté de l’âme et au goût légèrement acide pour nous rappeler les différents maux de la vie. Le kovil dispose d'une cuisine, car lors des principales cérémonies, la nourriture est partagée par la communauté du temple.
Pendant le Canjee Poosai, le prêtre effectue le nivedanam et le dibaradanai (présentation du camphre et des lampes), des prières et des chants.
Une cérémonie très codifiée où l'on peut observer ces étapes :
- Anulepana (ou gandha), la représentation de la Déesse est baignée et on applique sur son front le pottu (ou tîkâ), dont la matière de base varie selon la divinité (pâte de santal, argile, etc.)
- Pushpa, il s'agit de l'offrande de fleurs et de guirlandes
- Dhûpa, on brûle de l'encens devant la Déesse
- Dîpa (ou arati), pour cette offrande de lumière, on fait tourner en général une lampe à huile plusieurs fois, dans le sens des aiguilles d'une montre, devant Ammen.
- Naivedya, il s'agit d'une offrande de nourriture, qui varie en fonction de la divinité et du moment de la journée. Par exemple Ganesh et Krishna préfèrent les friandises, Durgâ, Kâlî, Maryamman préfèrent "des aliments acides, amers, piquants (citrons et piments)".
La cérémonie de l'abishegam commence, la Déesse est arrosée, baignée, honorée. De nombreux rituels pour lui exprimer respect et soumission. Ce sont les pèlerins qui apportent au prêtre les liquides et aliments qui seront successivement versés, pour lui donner des teintes jaunes, rouges, blanches, et finalement, la Déesse sera vêtue d'habits neufs et parée de fleurs et de guirlandes.
Symbolisme :
- L'eau, élément important, le culte des rivières présent pour chaque célébration, l'eau du Gange
- Le jaune, couleur de la connaissance, symbole de renouveau, couleur associée au bonheur, à la méditation. La couleur sacrée du safran qui incarne la pureté, le chemin vers le Nirvana
- Le lait possède une charge symbolique très forte. Pour l'hindouisme, il est l'élément primordial d'où l'univers et les êtres vivants sont issus. Voilà pourquoi la vache est sacrée, puisque son statut en fait la mère nourricière de l'homme. Le lait, symbole de pureté est donc versé sur la Déesse
- Le lait caillé, le blanc, couleur de la pureté, de la paix, de la connaissance
- Le miel, aliment de l'amour
- Le sucre, symbole de la douceur de la vie
- L'eau de noix de coco utilisée pendant les rituels permet de favoriser l’élévation des connaissances spirituelles
- Une poudre rouge, koumkouma, est versée sur la Déesse, couleur de l'énergie, la couleur du tika appliqué sur le front, au niveau du sixième chakra, appelé troisième oeil
- Le riz, symbole des richesses de la terre, de la prospérité, de la paix, comparé à un baume de guérison
Le prêtre fait le tour du temple et perçoit la divinité. Moment assez intense de transe où le corps est habité par Ammen.
La Déesse est habillée et parée de fleurs, des guirlandes magnifiques. Voilà comment s'achève cette journée de ferveur qui a vu toute la communauté Tamoule du kovil rassemblée.
Rejoignez-nous dimanche pour la vivre !