Le chanteur Kaya est l’inventeur du seggae, subtil mélange du blues local, le séga et du reggae. Joseph Réginald Topize, surnommé Kaya, est né le 10 août 1960 dans un quartier pauvre de Port-Louis, à Roche-Bois. Son père était pêcheur et sa mère femme de ménage. Comme ils ne pouvaient subvenir à son éducation, Kaya fût placé très jeune sous la tutelle d’un oncle paternel. Métis créole (les créoles désignent à Maurice, la population d’origine Africaine) et indien, il est victime très jeune du racisme de la majorité d’origine indienne.
Dès l’âge de 8 ans, Kaya survit grâce à de petits boulots. Il s’intéresse à la musique vers l’âge de 16 ans, grâce à sa mère qui est chanteuse dans une chorale. Il apprend la guitare, reprend des morceaux de Mike Brant, anime des bals et mariages avec son premier groupe, Wind and Fire. Il chante aussi Santana et Deep Purple, avant de découvrir Bob Marley qui devient vite son idole. Il fonde en 1982 avec quelques copains de Roche-Bois le groupe reggae Racine-Tatane, du nom d’un prince malgache révolté et exilé à Maurice. En 1986, c’est la consécration. Kaya associe au reggae jamaïcain, le séga mauricien.
Le seggae est né, déclinaison qui apparaîtra, selon la presse mauricienne, comme « une des initiatives les plus novatrices et appréciées de ces dix dernières années ». En 1989, Kaya sort sa première cassette, Seggae nou lamizik. Il se produit dans tout l’océan Indien. Suivent les cassettes La pé universel en 1991 et Seggae man en 1992, puis Racine pé brilé en 1994, et en 1996 les albums Zistwar révoltant et Chante Marley. Kaya écrit et chante des textes durs et forts, dénonçant dans ses textes puissants les mensonges du pouvoir en place, la corruption, le racisme.En 1999, Kaya est emprisonné pour avoir fumé un joint en public.
Il ne ressortira pas vivant de sa prison. Il est retrouvé gisant le crâne fracassé dans sa cellule. La version officielle parle de suicide. Le peuple mauricien parle de bavure et d’assassinat. Kaya venait de participer à un concert légal en faveur de la dépénalisation des drogues douces. Une contre-autopsie révèlera que Kaya a été victime de brutalités policières. À la nouvelle de sa mort, des émeutes éclatent dans toute l’île. Depuis il fait l’objet d’un véritable culte dans l’océan Indien.
Source : AfroRitmo